Paulette Missambo, présidente de l’Union nationale : « Nous avons l’ambition de gagner toutes les élections »

Voici in extenso, l’entretien que Paulette Missambo, présidente de l’Union nationale (UN) – parti de l’opposition gabonaise – a accordé, il y a peu, à nos confrères de Radio France Internationale ( RFI). Lecture.

Paulette Missambo, présidente de l’Union nationale

RFI : La campagne interne à l’Union nationale a été longue et disputée. Elle s’est achevée avec votre élection par seulement 10 voix d’avance sur plus de 600 délégués. Votre adversaire Paul-Marie Gondjout a, dans la foulée, reconnu sa défaite. Quel bilan faites-vous de cette séquence et de ce Congrès ?

Paulette Missambo : Cette campagne a été un moment d’expression démocratique véritable, parce que, non seulement, nous avons été à la rencontre, à l’écoute des militants. Mais, chacun a pu donner son point de vue, ses propositions et chacun a pu s’exprimer, y compris au moment du vote. La leçon que nous pouvons retenir, c’est que nos compatriotes sont désormais prêts à se prendre en charge et à choisir librement leurs représentants.

On a dit, parmi les explications à votre succès, que l’Union nationale ne pouvait pas organiser une succession familiale en son sein, puisque M. Gondjout est le gendre de M. Myboto, alors que, justement, le parti est né pour combattre une succession familiale à la tête du pays. Est-ce que c’est une explication qui vous convient ?

Oui. C’est une explication parmi tant d’autres. C’est vrai qu’à l’origine, la création de l’Union nationale c’était le refus d’une succession monarchique en 2009, et dont les fondateurs se sont mis d’accord pour créer un parti qui ne serait pas au service d’un individu, mais, au service de tout le peuple gabonais. Et, ce sont ces fondamentaux qui doivent continuer à guider notre nation. Et puis, il y a que j’ai proposé un projet de gouvernance de notre parti, qui a plu aux militants. Donc, c’est ce qui a fait la différence.

En tant que cheffe de l’Union nationale, est-ce que vous serez la candidate de ce parti à l’élection présidentielle ?

Nous avons l’ambition d’abord de gagner toutes les élections, d’aller à la conquête des gabonais pour les élections locales, les législatives et puis, bien évidemment, l’Union nationale a la prétention de réunir en son sein, suffisamment de compétences, pour pouvoir prétendre avoir un candidat à la présidentielle. Donc, le moment venu, oui, je suis sûre que la question sera posée. Mais, pour le moment, notre priorité c’est de rassembler les gabonais autour de notre projet.

Est-ce qu’au deuxième tour, vous vous retrouverez avec les autres candidats de l’opposition contre Ali Bongo ?

Oui. Je ne sais pas si c’est contre Ali Bongo. Mais, l’important c’est d’abord conforter notre parti, et ensuite, oui au deuxième tour, appeler à l’union parce qu’il faudra effectivement rassembler le plus grand nombre, pour pouvoir faire face à un régime. Il y a ses tentacules et nous avons besoin du plus grand nombre pour pouvoir venir à bout de ce régime.

Vous dites : « je ne sais pas si ce sera contre Ali Bongo ». Pour vous, sa candidature n’est pas une évidence ?

Écoutez ! Je n’en sais rien. Ça, il faut leur poser la question. Moi, ce qui m’intéresse c’est ce que mon parti va faire. C’est-à-dire, créer les conditions pour que nous ayons un candidat, un bon candidat. Ensuite, ce que l’opposition va faire, créer les conditions pour que l’opposition soit en capacité de se réunir au deuxième tour. Nous verrons qui sera le candidat du PDG.

Comment est-ce que vous jugez la gouvernance actuelle du Gabon et l’état général du pays ?

L’état général est plutôt préoccupant. Le Gabon est comme une marmite qui bouillonne, parce qu’il y a des grèves partout. Il y a une détresse quasiment généralisée, parce que, même les fonctionnaires qui pensaient qu’en étant fonctionnaires, ils avaient la sécurité de l’emploi. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et, dans le privé, les emplois sont détruits. Une ville comme Port-Gentil est devenue une ville fantôme, l’économie populaire a été détruite. Et, cette destruction qui a commencé avant le Covid, s’est aggravée pendant la Covid. Donc, vous avez aujourd’hui des mères de famille, des commerçants à l’abandon, qui n’ont rien pour nourrir leurs enfants. L’éducation est en faillite totale, nous avons un déficit grave en enseignants, en salles de classe. Un pays ne peut se développer que par la ressource humaine. Le capital humain est fondamental. Si on n’a pas le capital humain, on ne peut pas prétendre au développement.

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