Pierre Claver Maganga Moussavou : « Je veux faire adhérer les populations à l’idée de la Provincialisation »

Candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2023 au Gabon, le président du Parti social démocrate (PSD) – parti de l’opposition gabonaise – séjourne dans la province du Woleu-Ntem depuis quelques temps, pour y animer des causeries avec les populations locales. A travers cet entretien exclusif, le natif de Moutassou, à Mouila, chef-lieu de la province de la Ngounié, reviens sur les grandes lignes de son message. Lecture !

Jouractu. Bonjour Monsieur le Président du Parti social démocrate. Pouvez-vous nous décliner le but réel de votre séjour dans la province du Woleu-Ntem ?

Pierre Claver Maganga Moussavou : Je séjourne effectivement dans le Woleu-Ntem depuis trois jours (Ndr l’entretien s’est déroulé le 18 décembre 2022 à Oyem). Le but est connu de tous. C’est celui d’organiser les congrès provinciaux et départementaux. Le Parti social démocrate prône la Provincialisation, la Déconcentration et Décentralisation. Et, je suis candidat à l’élection présidentielle de 2023. Il faut aller à travers monts et vallés, exposer et expliciter les raisons de cette cinquième candidature, et surtout, faire adhérer toutes les parties de la population à l’idée de la Provincialisation. Je ne vois pas quel homme conscient, pourrait balayer d’un revers de la main, la Provincialisation. Celle qui consiste à faire que, ceux qui sont à côté du feu et écoutent le bruit de la marmite, aient les moyens d’activer et de s’occuper du feu. Ici, s’entend, les populations gabonaises et leurs récriminations. Quand on voit la ville d’Oyem dont les routes sont parsemées de trous, on arrive pas à faire un kilomètre à un temps normal. On comprend bien que si la province du Woleu-Ntem avait un budget de 30 à 40 milliards chaque année et confié au ministre-gouverneur de la province du Woleu-Ntem, avec un conseiller provincial pour contrôler l’action du gouverneur et voter le budget, je crois que les choses en seraient autrement. Il ne saurait y avoir de développement excentré à partir de Libreville. Le Président de la République doit s’appuyer sur les gouverneurs, les préfets et les sous-préfets, c’est-à-dire ceux qui sont censés prolonger son pouvoir et sa politique. Il va de soi que nous pensons que le Gabon ressemble à un homme qui a une grosse tête, qui est le Grand Libreville et le reste du Gabon avec les membres squelettiques. C’est cette idée qu’il faut corriger. Je suis opposé à tout le monde au travers de la Provincialisation qui se veut un rééquilibrage du développement de l’ensemble du pays, sans qu’une province soit supérieure à une autre. Dans la mesure toutes les provinces devraient recevoir équitablement les mêmes moyens et se mouvoir dans un même élan, pour le développement économique et social de notre pays.

Jouractu. Comment comptez-vous faire passer ce message auprès des populations ?

-Étant candidat à la présidentielle, j’organise les conseils provinciaux voire départementaux. Exceptionnellement dans le Woleu-Ntem, je vais organiser deux conseils. Le premier, je l’ai terminé à Bitam le samedi 17 décembre, avec très peu de temps de sensibilisation. Et, le prochain congrès, je le tiendrai le mercredi 21 de ce mois, à Oyem, après que j’ai eu le temps de sensibiliser les populations des différents quartiers.

Jouractu. Qu’est-ce qui pourrait changer dans cette nouvelle candidature de Pierre Claver Maganga Moussavou après les quatre précédentes ?

-Vous savez, on pose toujours une telle question. On oublie la persévérance. Quand vous voulez atteindre un objectif, il faut être persévérant. Maganga Moussavou a toujours été mal compris. Si les gens m’avaient suivi, si les gens m’avaient compris, la Provincialisation aurait déjà été mise en place et le Woleu-Ntem serait beaucoup plus développé qu’aujourd’hui. Parceque la Provincialisation signifie qu’on doit être au service des populations et non les populations au service du président. Lorsque j’étais au Fonds monétaire international (FMI) en 1980, et que Michel Bouet du journal Le Monde disait que le Gabon était un pays qui avait les finances et qui n’avait pas l’économie, le jeune économiste et financier que je suis toujours demeuré, a inventé une situation pour nous faire sortir de ce pétrin. Les populations n’ont jamais tendu l’oreille. Aujourd’hui, après mon cheminement et parcours et l’accession à la fonction de Vice-President de la République, les plus conscients peuvent comprendre que si l’on ne nous a jamais parlé du bien de Pierre Claver Maganga Moussavou et qui, malgré tout, progresse jusqu’à occuper ce rang, c’est qu’il y a quelque chose qu’on nous cache sur l’homme. J’ai été, à divers moments, celui qui a conduit toutes les réflexions pour essayer d’asseoir la démocratie. J’ai été l’inventeur des enveloppes accolées pour éviter la fraude électorale. C’est pour vous dire que j’ai toujours été dans l’encrage de la Démocratie dans notre pays. J’ai toujours l’imiter l’élection du président de la République à deux mandats. Mais, j’ai eu affaire à des gens qui avaient pollué l’opposition pour qu’on enterinent par les deux mandats. Mais, qu’à cela ne tienne, j’avais dit qu’on peut limiter le mandat par la maladie, par la mort parce que le peuple conscient va aller massivement voter le moment venu.

Jouractu. Un mot à l’endroit des populations du Woleu-Ntem ?

-J’invite aujourd’hui les populations du Woleu-Ntem à aller s’inscrire massivement sur des listes électorales et à ne pas se décourager. Parceque, si vous êtes 800 mille électeurs et qu’il n’y a seulement que 300 mille qui vont voter, il est facile de manipuler les chiffres. Donc, ce qui va changer cette fois-ci w c’est que très tôt, j’ai décidé de déclarer ma candidature et d’aller dans les provinces, pour recueillir l’assentiment des gabonaises et des gabonais. Bien entendu, tout cela est toujours relatif. Mais, on a la satisfaction d’avoir été à la base, d’avoir expliqué le bien-fondé de ma candidature et de la Provincialisation, avant qu’il y ait le brouhaha de la campagne.

Propos recueillis par Emmanuel EBANG MVE

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