Oyem : Les populations édifiées sur le droit du conjoint survivant et les avantages du mariage civil

C’était à la faveur de la 4 ème étape de la campagne de sensibilisation sur la lutte contre la spoliation de la veuve et de la promotion du mariage civil, menée par le ministère de Justice et partenariat avec la Fondation Sylvia Bongo Ondimba pour la famille. Cette mission était conduite par le conseiller juridique de la Garde des Sceaux, Karine Ilahou.

« Je tiens à remercier les autorités locales et les officiels, mais surtout, la population d’avoir répondu aussi massivement à notre invitation. Merci à tous et surtout, à la femme Woleu-ntemoise qui a montré, encore une fois, son engagement et sa vaillance. Nous avons vu les femmes arrivées de loin. Parfois, dans des états de santé assez difficile, mais qui ont tout fait pour assister à cette réunion. Le ministère de la Justice est heureux de constater que le déploiement de cette mesure relative à la spoliation du conjoint survivant et la sensibilisation pour le mariage civil a été bien accueilli par les populations. Nous avons ressenti le besoin en formation et en information sur ces questions. Nous attendons des populations, la mise en œuvre et la mise en pratique de la loi. Nous attendons des populations qu’elles reviennent vers les parquets de la République, pour dénoncer les situations de spoliation qui, aujourd’hui, se passent devant tout le monde avec un fatalisme. Parce que, dorénavant, le parquet de la République affirme ses capacités et ses compétences à répondre aux besoins des populations ».

Ces propos du conseiller juridique du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Karine Ilahou, par ailleurs cheffe de délégation, résument l’ambiance qui a prévalu au cours des deux jours de campagne de sensibilisation sur la lutte contre la spoliation du conjoint survivant et la promotion du mariage civil, menée à Oyem les lundi 28 et mardi 29 novembre dernier. En présence du gouverneur du Woleu-Ntem, Jules Djéki, des autorités civiles et militaires.

Une campagne qui s’inscrit dans le cadre du programme gouvernemental Gabon-Égalité défini par les plus hautes autorités du pays et menée en partenariat avec la Fondation Sylvia Bongo Ondimba pour la famille. Un résumé qui fixe surtout, les attentes du ministère de la Justice sur une question vise non seulement, la protection de la veuve (et du veuf) et de l’orphelin, mais également à garantir les droits patrimoniaux et successoraux.

Les participants (en majorité des femmes) ont été édifiés à travers des exposés, sur les nouvelles dispositions du Code civil (dans sa première partie) et le Code pénal. En dehors de l’implication personnelle du couple présidentiel et des avancées juridiques, la question de la spoliation de la veuve et de l’orphelin reste très préoccupante au Gabon.

« Il y a encore trop de femmes qui, lorsqu’elles perdent leurs maris, perdent en même temps leur identité, leur droit foncier, leurs biens, leurs revenus, leur dignité et parfois leurs enfants. Il y a encore trop de femmes, lorsqu’elles perdent leurs maris, n’ont pas le temps de faire le deuil, parce qu’elles doivent faire face à des tracasseries sociales, administratives et judiciaires, pour assurer la garantie de leurs droits et préserver un patrimoine qui est pourtant le leur », a regretté la cheffe de mission.

Le conseiller juridique du ministre de la Justice, Karine Ilahou, a invité la population au changement de mentalité et surtout, à s’impliquer pleinement dans cette campagne contre la spoliation du conjoint survivant. Il s’agit d’une pratique qui est encore légion dans certaines communautés gabonaises.

Parmi les intervenants, il y a eu le magistrat Félicien Ndzanga, qui s’est apesanti sur les droits successoraux et légaux du conjoint survivant, le procureur du tribunal de première instance de Mouila, Roger Darnel Nguema Ondo, a exposé sur les questions d’état-civil, et le magistrat, Ebang Ondo Eyi, est revenu longuement sur l’encadrement juridique et les avantages du mariage légal au Gabon.

Des moments d’échanges mutuels qui ont permis aux populations d’apprécier, mais également de mettre quelques réserves sur une loi que d’aucuns n’ont pas hésité de qualifier de  » loi taillée sur mesure en faveur de la femme ». Certains hommes frustrés n’ont d’ailleurs pas hésité à revendiquer leur position « chef de famille », qui aurait été bafoué au travers cette loi.

« Il ne peut y avoir deux chefs de famille. Notre pays a un seul chef, nos entreprises sont dirigées par un seul chef. Et, même les Saintes Écritures sont claires sur cette question », a fait remarquer un intervenant. D’autres personnes plus encrées dans les croyances ancestrales, ont tout simplement déploré le fait que les dépositaires de nos us et coutumes ont été écartés par le législateur, lors de la mise en forme de cette loi.

Par Emmanuel EBANG MVE

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