[Congrès extraordinaire de l’UN] : L’intégralité du discours de Paulette Missambo

C’était, le samedi 20 mai dernier, à Oyem, au cours de son investiture comme candidate de l’Union nationale (UN), à l’élection présidentielle de 2023 au Gabon. Lecture !

Madame la présidente du bureau du Congrès,
 Mesdames et Messieurs les Présidents et Représentants des Partis politiques et Groupes amis ici présents,
 Mesdames et messieurs les congressistes,
 Mes chers compatriotes qui nous suivez depuis les neuf provinces du Gabon et à travers le monde.

Je suis particulièrement sensible à la marque de confiance que cette auguste assemblée vient de me témoigner. En ce moment précis, ma pensée va à ces femmes et à ces hommes qui, depuis le 10 février 2010, par leur attachement à la liberté et au travail, œuvrent à l’avènement d’un Gabon solidaire, sans en attendre autre chose qu’un mieux-être pour tous et pour chacun. C’est en leur nom que je souhaite relever le défi qui se présente à nous. En mémoire de nos compagnons partis trop tôt : Pierre-Claver Nzeng Ebome, Daniel Kombé Lékambo, Marie Bendome, André Mba Obame, Marie-Agnès Koumba, Casimir Oyé Mba, Raymond Ndomba Ngoye, et Georges Mendome Ekang, pour ne citer que ceux-là, j’accepte de porter la responsabilité que vous venez de
me confier.

J’ai parfaitement conscience de la confiance que vous me témoignez en me désignant pour porter les couleurs de notre parti et l’espérance de tous les Gabonais. Maintenant que vous m’avez désignée pour porter les couleurs de l’Union Nationale, permettez-moi de m’adresser au pays, en mon nom propre et en notre nom à tous. Permettez-moi de lui parler de moi, de lui parler de nous et de lui parler pour nous.

Peuple Gabonais, Mes chers compatriotes,
Ma pensée va d’abord à tous ceux qui, anonymes ou connus, ont donné de leur vie pour ce combat. Je voudrais saluer la mémoire de Joseph Rendjambé Issani, Pierre Louis Agondjo Okhawé, Pierre-Claver Zeng Ebome, Pierre Mamboundou Mamboundou, André Mba Obame, Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé, Fabien Méré, Jean Marc Ekoh, Casimir Oye Mba et Anaclé Bissiélo, pour ne citer que ceux-là.

Sans oublier toutes les victimes des crises post-électorales et des répressions diverses. Et ici à Oyem, notre jeune fils, Bruno Georges Mboulou Beka est dans toutes les mémoires. A ces compatriotes et à d’autres encore, qui ont œuvré pour un Gabon rassemblé autour des idéaux de démocratie et de développement, je veux ici rendre un vibrant hommage.

Le moment venu, la Nation saura reconnaître leur mérite et leur sacrifice. Elle saura alors leur donner la place qu’ils méritent dans le grand récit national, toujours en phase d’écriture. C’est pour eux aussi que j’accepte de porter la lourde responsabilité qui vient de m’être confiée. Et pour eux, je remercie la salle de bien vouloir se lever afin d’observer une minute de silence en leur hommage.

Depuis le Woleu-Ntem où nous nous trouvons, je voudrais d’abord saluer ces personnalités de la province qui continuent à nous marquer par l’exemple et qui ont forgé la conscience citoyenne des plus jeunes.

Permettez que je rende d’abord hommage à Luc Bengono Nsi, Vincent Essone Mengue et Michel Essima Osse. Je leur adresse mes sincères et respectueuses salutations et mes remerciements pour l’ensemble de leur œuvre. Permettez aussi que je rende hommage à mes amis d’Alternance 2023 : Raymond Ndong Sima, Albert Ondo Ossa et Edmond Okemvele. Leur engagement pour l’alternance est entier.

Je voudrais enfin rendre hommage, et on ne le fait jamais assez pour les vivants,
 à Jean PING pour son combat depuis 2015 et dont le leadership incontestable nous aura permis de remporter la présidentielle de 2016 ;
 à Paul Mba Abessole, dont le parcours, la sagesse et les conseils continuent de nous inspirer ;
 à Pierre André Kombila koumba dont la rigueur scientifique, l’intégrité et la force des convictions nous sont d’une grande utilité dans la voie de l’engagement.
 à Pierre claver Akendengue, un monument de la musique gabonaise, dont l’engagement par la chanson a contribué à l’éveil des consciences de plusieurs générations dont la mienne. Oui, la liberté reste le maître mot de notre combat aujourd’hui encore.
 et pour finir, à Jean Rémi Yama emprisonné de façon arbitraire, malgré son état de santé alarmant. Nous demandons sa
libération sans condition!

Peuple Gabonais, Mes chers compatriotes,

Parce que le Congrès de l’Union Nationale en a décidé ainsi, je suis candidate à l’élection présidentielle de cette année 2023. Je suis Paulette Missambo. Je suis Gabonaise par mes parents certes, mais je le suis surtout à travers ce parcours qui a forgé mon identité authentiquement Gabonaise. Le clanisme, le sectarisme ne sauraient m’habiter. Je suis Gabonaise et j’ai les Gabonais dans ma chair. Ils sont ma raison d’être, de vivre et d’espérer.

Je ne suis la fille de personne, parce que j’ai été l’enfant de tous. Je suis certes née de Luc Poungui et de Simone Binounou dans le magnifique village de Kessipoughou dans le département de Mulundu, mais aussi bien dans ce village que dans la ville de Port-Gentil où je me suis installée avec mes parents à l’âge de six ans, j’ai toujours été, comme tous les enfants de ma génération, l’enfant de tous.

L’enfant du village puis l’enfant du quartier. L’enfant de l’institutrice comme du maître d’école. Mon enfance a résolument été marquée par le brassage des cultures et des peuples qui font la nation gabonaise.
 Je ne suis la sœur de personne, parce que je suis la sœur de tous. Au-delà des clans Bumwanda, Bupiki et Gnanguiapindi dont je suis issue, je suis la sœur des milliers de Gabonaises et de Gabonais de ma génération. Avec eux j’ai en partage l’école de la République, laïque ou confessionnelle, les années d’études à l’étranger et l’apprentissage de l’engagement citoyen, le retour au pays et le devoir de construire le Gabon, notre jeune Nation. Je suis la sœur de Jacqueline ATSAME et
je suis la sœur de Benoit MOUITY NZAMBA. Je suis la sœur de Marie-Agnès KOUMBA et je suis la sœur de Pierre AMOUGHE MBA. Je suis la sœur des collégiennes de Val Marie à Mouila comme je suis la sœur des collégiens de Bessieux à Libreville.

Je suis enfin la sœur des militants de l’Association générale des étudiants du Gabon (AGEG).
 Je ne suis la mère de personne, parce que je suis la mère de tous. Enseignante puis Proviseur, l’essentiel de ma carrière professionnelle a été au service de la jeunesse gabonaise, principalement au collège et au Lycée. Mes fonctions politiques m’ont également conduit à me mettre à leur service comme Ministre de l’éducation Nationale. C’est aussi ce rôle de mère de la jeunesse de notre pays, soucieuse de son bien-être et de son avenir, qui justifie plus que tout mon engagement
politique.

Mes chers compatriotes,

Je ne suis ni une héroïne, ni une personne exceptionnelle. Mon histoire, c’est celle des Gabonaises et des Gabonais de ma génération et même de plusieurs générations après nous. Nous avons bénéficié de l’action d’un État protecteur qui plaçait la formation comme valeur et comme priorité. Je suis une enfant de la République, formée à l’école de la République pour servir son pays. C’est la République qui a fait que des filles et des fils de cultivateurs, de pêcheurs ou petits fonctionnaires que nous étions, et parmi lesquels se trouvaient beaucoup d’orphelins, deviennent des pilotes, des ingénieurs, des médecins, des professeurs, des menuisiers, des infirmiers… C’est la République qui a permis que chaque enfant réalise son rêve sans être condamné par la condition de ses parents. C’est la République qui a payé nos études dans les meilleures universités et grandes écoles du monde. Nous devons tout à la République.

C’est pour la restauration de cette République que nous nous battons à l’Union Nationale, c’est cette République qui justifie mon engagement de toujours et c’est pour cette République que je suis candidate à l’élection présidentielle. Et il n’y aura jamais d’obstacle assez haut pour nous empêcher d’atteindre cet objectif.

Tel est le Gabon dont je rêve et dont nous allons reprendre l’ouvrage pour l’améliorer. Le Gabon de l’effort, du travail et de la solidarité ; le Gabon de la dignité, du respect et de la fraternité dans la diversité. Le Gabon qui permet à chacun de s’exprimer et de déployer son talent. Le Gabon qui récompense l’effort et assure un partage équitable des ressources. Bref, c’est le Gabon pour tous. Ce Gabon-là, c’est celui où les mots Union-Travail-Justice ont tout leur sens. C’est le Gabon du mérite, du don de soi,
de l’ouverture à l’autre et du lien entre les générations. C’est le Gabon du 17 janvier 1990, celui qui nourrit des rêves du mieux-être pour sa jeunesse, place l’école au cœur de sa préoccupation et considère l’homme comme la mesure de toute chose.

Mes chers compatriotes,
En 2009, j’ai quitté le PDG pour protester contre la dérive monarchique que prenait la succession d’Omar Bongo Ondimba. Je l’ai fait pour dénoncer les manipulations qui ont conduit à la candidature d’une personnalité dont on savait tous qu’elle n’avait ni la légitimité, ni le leadership, et encore moins le sens du dévouement pour porter un dessein collectif. 14 ans après, les faits nous donnent malheureusement raison!

Comme nous en 2009, d’autres compatriotes ont à leur tour quitté le PDG en dénonçant une gouvernance chaotique qui mettait en péril notre vivre-ensemble. Je salue ici le sens patriotique et le courage des présidents Guy Nzouba Ndama et Alexandre Barro Chambrier qui ont pris le leadership de cette rupture pour rejoindre les rangs de l’opposition.
Quitter le PDG c’est comme ce que les Chrétiens nomment «Naître de nouveau». Sans rien renier de mon engagement dans cette formation politique, en quittant le PDG il y a 14 ans je me suis réconciliée avec moi-même, je me suis réconciliée avec mes convictions, j’ai retrouvé le Gabon et les Gabonais.

Mes chers compatriotes,

Nous n’avons qu’un seul objectif, donner au peuple Gabonais des raisons d’espérer. Des raisons de croire qu’un autre Gabon est possible. Nous affirmons qu’aucun Gabonais n’est notre ennemi. Notre ennemi, c’est cette mauvaise gouvernance qui génère le chômage, la vie chère, l’exclusion et la pauvreté. Notre ennemi, c’est la gouvernance qui détruit la route, l’école, l’hôpital et l’administration publique. Notre ennemi, c’est la gouvernance qui permet l’accaparement de nos terres, la prédation des richesses de notre sous-sol, et condamne les Gabonais à s’endetter pour survivre et même à la mendicité. Notre ennemi, c’est la gouvernance qui détruit notre identité culturelle et notre vivre-ensemble. Notre ennemi, c’est la gouvernance qui n’assure pas la sécurité de nos enfants victimes de crimes rituels, qui expose les citoyens aux braquages, aux cambriolages et aux réseaux mafieux. Notre ennemi, c’est la gouvernance qui n’assure plus aux retraités un traitement digne et le versement régulier et complet de leurs pensions.

En 2023, le Gabon du désordre, des humiliations, des spoliations, des emprisonnements arbitraires doit disparaître. En 2023, nous devons donner naissance à un État de droit et de liberté pour tous. Et nous allons le faire.

Mes chers compatriotes,

Je veux rassembler la communauté nationale pour construire notre pays. J’ai autour de moi des cadres compétents. Notre pays regorge de cadres valeureux quel que soit leur bord politique du moment. J’en connais au PDG comme dans l’opposition et dans la société civile. Nous avons une diaspora forte, dynamique, disposant d’une grande expertise dans les domaines les plus exigeants. Malheureusement, cette diaspora gabonaise est exclue de la gestion du pays au profit de personnes dont la seule compétence est d’apporter des marabouts au chef.

Avec Alternance 2023, nous sommes prêts à relever tous les défis.
 Aucune difficulté n’est insurmontable quand tous les enfants d’une même Nation regardent dans la même direction et travaillent à sauver leur pays ;
 Aucun obstacle ne peut empêcher les Gabonais d’atteindre le développement rêvé par nos anciens et espéré par notre jeunesse si nous cessons de nous regarder en membres de clans pour ne voir que des citoyens, filles et fils d’une même Nation.

J’ai donc, chers compatriotes, et vous l’aurez compris, un seul et unique programme : Rendre sa dignité, sa liberté et sa fierté au Gabonais. C’est ce combat qui rendra les autres possibles.

Ensuite, les Gabonais, tous les Gabonais sans exclusive, devront s’asseoir, pour décider ensemble du devenir de notre pays et construire ensemble, et de nos mains, le Gabon voulu par les pères-fondateurs et dont rêvent nos enfants. Nous sommes une jeune et grande Nation avec une belle histoire et encore beaucoup de pages à écrire. Ne nous laissons pas distraire, venez nous rejoindre et ensemble sauvons notre pays.

Mes chers compatriotes,
Comme vous, j’ai vécu les présidentielles de 2009 et 2016. Comme vous, j’en garde des souvenirs marquants par leur violence et leur brutalité. Mais nous ne devons pas en faire une source de découragement ou une raison de démotivation. Bien au contraire, c’est Nelson Mandela qui nous apprend ceci : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. ». C’est toujours ce sage qui nous enseigne que : « La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute ».

Faisons comme Nelson Mandela : apprenons des expériences passées, tirons-en des enseignements, construisons notre stratégie, relevons-nous et avançons. Invitons nos parents, amis et connaissances à faire de même. Invitons-les à se relever, invitons-les à s’inscrire sur les listes électorales, invitons-les à se tenir prêts, invitons-les à récupérer chacun leur carte d’électeur, à voter et à exercer un contrôle citoyen du scrutin.

Oui, mes chers compatriotes, c’est l’ensemble du peuple gabonais que j’invite à exercer ses devoirs pour enfin récupérer le pouvoir qui est le sien.

Mes chers compatriotes,
Je dois à la vérité de dire que le combat pour la démocratie au Gabon est le dernier combat de ma vie. Ma vie de mère, de grand-mère, de femme travailleuse et de patriote. Je le dois à mon pays. Nous le devons tous à notre pays.

Ce combat pour notre pays, je le mènerai avec détermination et avec fermeté. L’implication de chaque Gabonaise et de chaque Gabonais est la condition de notre victoire. N’ayez pas peur, n’ayons pas peur. Nous avons pour nous une arme bien plus redoutable : le bulletin de vote. Nous devons remporter cette élection dans les urnes, dans chaque bureau de vote afin d’imposer la démocratie à ce pouvoir qui l’a en horreur.

Dans cette bataille pour la démocratie, je serai en première ligne. Je ne reculerai pas, nous ne reculerons pas. Nous ne cèderons rien. Nous ferons face avec courage et fermeté.

Vive la République ! Que Dieu bénisse le Gabon!
Je vous remercie.

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