[Football/Président de l’USO] Touré Asseko : « Que les gens me laissent aller jusqu’au bout de mes cinq ans de mandat »
Après la démission collective de certains membres de son bureau, accusé d’une gestion peu orthodoxe de la manne du club, ses relations avec Hubert Delandier Minang…, le président de l’Union sportive d’Oyem, Touré Asseko sort enfin de sa réserve dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder. Lecture.
Jouractu. Bonjour monsieur le président. La saison 2022-2022 du National-Foot 1 au Gabon vient de tirer à sa fin. Êtes-vous satisfait du comportement de l’Union sportive d’Oyem (USO) au cours de cette saison ?
Touré Asseko. L’Union sportive d’Oyem a connu quelques difficultés au début de la saison qui vient de s’achever. D’abord pour la préparation de l’équipe, nous avons eu juste 30 jours donnés par la LINAFP (ndr Ligue nationale de football professionnel). Ces 30 jours ne nous ont pas permis de mettre en place une équipe compétitive. Déjà, on sortait de deux années sans jouer le championnat par cause de Covid-19. Deux ans sans compétition au cours desquels tous les joueurs étaient libres. Avec l’arrivée du coach Claude Pascal Kossi, il avait moins de 30 jours pour mettre en place une équipe compétitive. Quand on sait qu’avec une bonne préparation, on peut espérer à un bon championnat. Ça fait parti de nos problèmes au début de la saison.
A quoi sont dûs ces problèmes de début de saison quand on sait que tous les clubs ont été avisés suffisamment par la LINAFP ?
Nous avons eu un problème de recrutement. Vous savez que pour avoir des joueurs de très haut niveau, il faut avoir des moyens pour prendre part au championnat. Vous comprenez aisément que ça été très difficile pour le club en début de saison.
Justement. Certains membres démissionnaires de votre bureau vous reprochent d’une gestion opaque des finances de l’équipe. Quelle est votre réaction à ces accusations ?
J’ai eu l’information comme tout le monde. Moi, je ne suis pas sur Facebook. Tout ce que je sais en tant que président de l’Union sportive d’Oyem, c’est que nous avions au moins deux séances de réunions par semaine. Ça veut dire que, s’il y a une équipe qui communique assez, c’est bien l’Union sportive d’Oyem (…). Ce n’est pas la première fois qu’on parle de gestion au sein de notre club. Je sais que ça tend toujours vers les finances. J’ai eu un petit problème l’année dernière dans ce sens là, où les gars se sont retrouvés devant moi pour me demander les comptes de 20 millions. J’ai fait un exercice qui n’existe nulle part ailleurs. J’ai mis un tableau et j’ai demandé à mon kiné Beyeme Laurice, de faire cet exercice là. Nous avons fait des calculs. On était dans les 27 et 28 millions de francs CFA. Ce qui veut dire que je n’ai rien à cacher dans ma gestion financière.
Ce qui signifie quoi ?
Au début de la saison nous avons reçu 20 millions de la part de la LINAFP. Et, avant le début du championnat nous avions besoin d’un budget de 5 millions. J’ai donc demandé au comité directeur du club de cotiser. Tout le comité directeur a cotisé 15 mille francs CFA. Ce qui veut dire que moi, en ma qualité de président du club, déposé le reste de la somme qui manquait. J’ai remis cet argent au comptable. En début de saison, c’est-à-dire une semaine avant le début du championnat, j’ai mis à la disposition de mon chargé des finances, Monsieur Martial Ndong Edou, près de 11 millions 700 mille francs CFA. Je n’ai jamais payé les joueurs d’USO. Depuis que je suis président, ce n’est pas moi qui paie les joueurs de l’équipe et les primes des matchs. Il y a une personne chargée de ce volet. Je ne suis que le président et j’attends les résultats.
Où sont alors passés les 20 millions de la LINAFP et vos 11 millions ?
Avant la fin de la phase aller du championnat, c’est-à-dire que cinq matchs après, j’ai l’information que la caisse du club est vide. Je n’ai rien dit, puisque je fais confiance à mon gestionnaire. Je lui ai tout simplement demandé de mettre une commission en place, pour essayer de nous éclairer sur les dépenses de l’équipe et surtout, voir s’il y a encore une possibilité de mettre à sa disposition de l’argent pour l’équipe. Il ne l’a pas fait.
Surtout qu’aujourd’hui encore, beaucoup de joueurs réclament encore leurs salaires et primes de matchs.
Je dit bien que j’ai remis près de 15 millions de francs CFA au gestionnaire financier, où j’ai reçu 20 millions de l’État. J’ai besoin qu’il se justifie. J’ai mis une commission en place, pour essayer de mettre tout ça en lumière (…). Il y a d’autres personnes qui ont vendu les tee-shirts, les gadgets, les cartes de fidélité et d’accès gratuit au stade. Moi aussi, en tant que président, je suis prêt à me justifier parceque c’est quand-même l’argent du contribuable. Si quelqu’un qui a géré 15 millions dit qu’il ne peut pas se justifier parceque il l’ami du président, à partir de là….Je suis surpris. J’apprends par les réseaux sociaux qu’il a démissionné. Mais, qui fait le bilan ?
C’est justement à travers les réseaux sociaux que nous apprenons que certaines personnalités politiques de la place auraient demandé à Hubert Delandier Minang de revenir aux commandes de l’équipe de l’USO. Êtes-vous informé de cette information ?
Il est toujours difficile de parler en public à un grand frère à qui tu dois beaucoup de respect. Parceque, j’ai joué et grandi à côté de ce monsieur puisqu’il m’a encadré. Depuis pratiquement un an – puisqu’il y a une séparation entre monsieur Minang et moi – il y a certaines choses que je ne voulais pas dire ici. Mais, je suis obligé de les dire aujourd’hui. Je suis parti d’Oyem après l’Assemblée générale. J’ai vu les difficultés de management que le club avait. Et, au vu du portefeuille que monsieur Minang avait, j’ai pensé qu’en tant que président de l’Union sportive d’Oyem, de le ramener au sein du club. Il m’a reçu à son domicile. Je lui ai dit que je suis prêt à lui remettre l’équipe. Même si je reste simple membre. Une proposition qu’il a accepté. Mais, au finish et après cet entretien, monsieur Minang a changé puisqu’il voulait ramener l’USO à Engong Sport. Vous connaissez ce dossier. Nous avons eu beaucoup de discussions là dessus. Après, nous avons signé un dossier de trois pages. Mais, arrivée auprès de monsieur le ministre des Sports, on m’a présenté un dossier de sept pages. Le contenu dudit dossier était très grave. Il y a par exemple un passage où monsieur Minang dit qu’il est le propriétaire de l’équipe. Ensuite, j’ai clairement dit à monsieur Minang que je ne pouvais plus travailler avec lui. Vue que ce dossier était tellement lourd. Bref. Je me suis retiré du grand frère (…). Voilà pourquoi, quand nous commençons la nouvelle saison, j’ai mis un programme en place au sein duquel le nom de Minang n’y figure pas (…). Dans les statuts de l’USO il est clairement dit qu’un ancien président passe automatiquement membre d’honneur du club. Pas président-fondateur. USO avait un président d’honneur en la personne de l’ancien ministre François Engonga Owono « Eboué ». Après la descente de l’équipe en deuxième division, USO est restée abandonnée à elle-même. Monsieur Minang est membre d’honneur de l’Union sportive d’Oyem, pas Président-fondateur du club (…).
Monsieur le président. Qui fera le bilan de l’équipe à l’orée de la saison 2022-2023 qui pourrait débuter en octobre prochain ?
Très bonne question. Parceque, même quand tu pars de la maison de ton grand frère, la moindre des choses c’est de lui dire au revoir. Le chargé des finances, Martial Ndong Edou, ne peut pas partir du club ainsi. Il faut qu’il vienne d’abord faire le bilan financier de la saison qu’on vient de terminer. Parceque, derrière tout ça, il y a une vérité. On parle d’argent. Pourquoi personne n’a démissionné depuis le début de la saison ? (…). Je vous rappelle que j’ai assisté aux assises du 30 octobre 2021 à Libreville. Où il y avait le clan Amédée, et moi j’étais avec mon grand frère Minang. Nous avons fait un travail propre. Au sortir de là, il était question de mettre une équipe provisoire pour accompagner USO au démarrage du championnat. Après, enfin de saison, je devais convoquer une assemblée générale pour, entre autres, revoir les statuts du club. Combien m’ont accompagné dans ce combat ? J’ai en face de moi celui qui est sorti champion du Gabon, le Stade Mandji de Port-Gentil dont le bureau directeur vote un budget de 300 millions de francs CFA avant le début du championnat. Mangasport de Moanda, le deuxième, a près de 800 millions avant le début du championnat et René Ndemezo’Obiang met peut-être 80 millions de francs CFA à disposition de l’Union sportive de Bitam, avant le début du championnat. Et, nous à USO, nous attendons peut-être 20 millions de l’État pour démarrer le championnat. Et, vous voulez être Champion du Gabon avec ça ? Soyons un peu sérieux (…). Nous avons joué ce championnat avec 17 jeunes qui reviennent de mon centre de formation Omoss. Ils n’avaient jamais joué en première division. Je suis très fier de ces jeunes. Ils nous ont fait rêver. Je ne peux qu’être un président heureux.
Votre mot de fin
Je vous rappelle qu’il y a quatre ans de cela, je vous avez invité à la mairie d’Oyem pour une Assemblée générale. Ce jour-là, on s’est retrouvé qu’à trois membres du club et quelques journalistes. Ce qui veut dire que les gens d’Oyem ne sont pas intéressés. Qui fait la force d’une équipe de football ? Ce sont ses membres et des cotisants. J’ai un mandat de cinq ans. J’ai fait un an de deuxième division et trois ans de première division. USO n’est pas un salon mexicain où les gens se servent à volonté et où chacun entre et sort. Personne ne m’a donné les moyens pour être à la tête de l’Union sportive d’Oyem (…). Que les gens me laissent aller au bout de mes cinq ans de mandat (…). Je remercie la presse, Monsieur le ministre de la Santé et fils du département du Woleu, qui est très sensible aux problèmes d’USO et des problèmes de la commune en général. Je n’oublie pas Monsieur le gouverneur du Woleu-Ntem, Jules Djéki, Monsieur le président de l’assemblée départementale, Désiré Owono Ndong, ainsi que le fan club de l’Union sportive d’Oyem. Pour terminer, je dis à mes frères que USO a des statuts et des règles. Le seul qui peut organiser une assemblée générale statutaire n’est que le président d’USO, Touré Asseko, que je suis. A ceux qui sont partis, je leur souhaite bon vent. Je vous remercie.
Propos recueillis par Emmanuel EBANG MVE