Ali Bongo Ondimba se retire de la scène politique

L’ancien président de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba, déchu de son pouvoir depuis le 30 août 2023, a décidé, à travers une lettre publiée dans les réseaux sociaux, de se mettre en marge de la sphère politique de son pays. Il ne manque pas d’évoquer, entre autres, sa situation actuelle, la détention carcérale de son épouse Sylvia Bongo Ondimba et de son fils, Noureddin Bongo Ondimba, etc. Voici l’intégralité de la lettre de l’ancien homme fort du Gabon.

Gabonaises, Gabonais , Chers compatriotes,

Le soir du 29 août 2023 a mis fin à l’exercice de mon mandat de chef de l’État dans des circonstances douloureuses.

Ces événements ont porté au pouvoir un dispositif de transition, qui, ces prochains mois, se confrontera aux urnes et au vote pour engager notre pays sur une nouvelle voie. Les Gabonaises et les Gabonais auront à cette occasion, l’opportunité d’élire leur Président de la République.

Conscient qu’une évolution était nécessaire pour améliorer la vie de nos concitoyens, j’ai cru, longtemps, pouvoir changer un système qui s’est finalement retourné contre une famille , symbole d’une époque.

Ma femme et mon fils en snt aujourd’hui les boucs-émissaires impuissants. Notre pays en constitue le témoin, spectateur, espérant le légitime changement.

Pour ma part, je respecte et je comprends la volonté des citoyennes et des citoyens de souhaiter, pour construire l’avenir, de nouveaux responsables politiques, et je tiens à réaffirmer mon retrait de la vie politique et le renoncement définitif à toute ambition nationale. Cela vaut également pour Sylvia et Noureddin.

L’idée que je me fais de mon devoir est de dire avec sincérité et honneur, que je ne souhaiterai jamais constituer, pour le Gabon, un risque de menace, de trouble et de déstabilisation dans ce moment de reconstruction.

Parce que notre pays est, a toujours été et sera toujours un pays d’honneur. J’en appelle à l’apaisement, à l’arrêt des violences et des tortures intentées contre ma famille, et plus particulièrement contre mon épouse Sylvia et mon fils Noureddin, et à leur libération. Car, depuis trop longtemps désormais emprisonnés pour des faits dont ils n’ont pas été reconnus coupables, boucs-émissaires d’une situation qui va bien au-delà de leur personne.

Je leur ai imposé, tout au long de la vie, bien des épreuves par mes choix. Mais, leur emprisonnement et les sévices qu’ils subissent depuis plus d’une année, vont bien au-delà de ce qu’une épouse et un fils ont à supporter.

Moi-même, je demeure non libre de mes déplacements et soumis à la surveillance quotidienne. Mes visites dépendent de l’autorisation des militaires. Isolé du monde extérieur, sans communication , sans nouvelles de ma famille.

Je suis pleinement conscient de ce qui a été accompli sous ma présidence, comme également des insuffisances dont j’assume seul la responsabilité, tant sur le plan social que s’agissant du fonctionnement de nos institutions. Mais, ce bilan aussi sincère que douloureux, ne saurait justifier que tant d’abus soient perpétrés contre ma femme et mon fils, qui n’a pas serré ses enfants dans les bras depuis plus d’un an. Je connais trop les Gabonais pour savoir qu’ils savent la différence entre justice et vengeance.

J’insiste sur ce point, seul Président et responsable de mes décisions. Je comprends que malgré des réalisations effectuées sous mes mandats, trop de Gabonais souffrent encore et cela reste mon plus grand regret. Je souhaite de tout cœur que nous soyons en mesure de tourner la page de cette souffrance intime et nationale. Avec un seul et unique but : notre réconciliation nationale.

Aussi, j’appelle mon pays, ses dirigeants et mes concitoyens à renoncer à la vengeance et à écrire sa prochaine Histoire avec harmonie et humanité.

Que Dieu vous bénisse.

Que Dieu bénisse notre patrie le Gabon.

Ali Bongo Ondimba

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