Après le relèvement de leurs fonctions des enseignants de l’école publique de la Sablière d’Oyem : Le DAP Luc Constant Megne s’explique !

Dans cet entretien exclusif, le Directeur d’académie provinciale (DAP) du Woleu-Ntem, Luc Constant Megne, donne des raisons qui lui ont poussé à relever de leurs fonctions, le directeur de l’école publique de la Sablière et six de ses collaborateurs.

Jouractu. Bonjour M. le DAP. Qu’est ce qui justifie le relèvement de leurs fonctions du directeur de l’école publique de la Sablière et de ses collaborateurs ?

Luc Constant Megne : Depuis la rentrée administrative, nombreux sont les chefs d’établissements qui sont allés vers la dérive des dispositions légales, c’est-à-dire celles relatives à la gratuité des frais d’inscription dans tous les établissements scolaires du Gabon. Cette mesure à été prise depuis l’année scolaire 2023-2024. Malgré plusieurs rappels à l’ordre, cette année encore, beaucoup se sont obstinés à prélever des fonds lors des inscriptions. C’est ainsi que le chef de circonscription scolaire du Woleu-Ntem centre a, au-delà de la note de cadrage son Excellence Monsieur le Secrétaire général du ministère de l’éducation nationale à l’endroit des dirigeants des établissements et des chefs des circonscriptions et des directeurs d’academiques, certains chefs d’établissements n’ont rien compris du tout. Ils ont continué avec des mauvaises habitudes.

Jouractu. Cela veut dire quoi ?

– Cela veut simplement dire que le chef de circonscription scolaire du Woleu-Ntem centre a également pris des notes, pour demander à ces chefs établissements de ne rien prélever auprès des parents lors des inscriptions et réinscriptions. Malgré ces notes de service, il m’est revenu que parmi les établissements qui s’entêtent dans cette pratique, il y a l’école publique de la Sablière. Là-bas, le directeur en faisait un peu trop. Et, hier matin (ndr le 11 septembre 2024), le chef d’académie des œuvres scolaires à la direction d’académie du Woleu-Ntem, accompagné de madame la présidente de l’association des parents d’élèves (APE) de la Sablière, sont venus me voir pour me dire que la présidente de l’APE est allée demander au chef d’établissement de rembourser l’argent prélevé auprès des parents, parce que cela ne rentrait pas dans ses prérogatives. Ce dernier n’a pas du tout compris. Il a dit à la présidente de l’APE que « j’ai prélevé et ce n’est pas vous qui avez prélevé et vous n’avez pas le droit de me demander de rembourser l’argent ».

Jouractu. Ensuite ?

-Le chef de service des œuvres à la DAP est également venu me dire qu’il est saisi de cette situation et qu’il est allé voir le chef de circonscription scolaire, qui lui a dit que le directeur en faisait un peu trop. Et, il a proposé que la direction d’académie prenne les mesures fortes. Fort de ces deux points de vue qui me sont parvenus, j’ai également reçu dans la nuit le gouverneur militaire, qui m’a envoyé des notes qui sont affichées à la deventure du bureau du chef d’établissement de la Sablière. Hier, après avoir recueilli tous ces arguments, je me suis levé avec mon équipe, pour voir de près de quoi il était question. Et, quand on arrive sur place, ces notes étaient belle et bien affichées.

Jouractu. Qu’est ce qui était mentionné sur ces notes ?

-Ces notes exigeaient le paiement par les parents d’élèves des rames de papiers, le paiement de 2000 francs des frais de coopérative, paiement de 2000 francs pour les élèves inscrits en cinquième année pour la connexion du wifi et pour les pré-inscriptions. Quand on a fait le tour, nous avons constaté que le chef d’établissement prélevait à hauteur de 6 000 francs auprès des apprenants et de leurs parents. Je lui ai posé la question de savoir sur quelle base légale pouvait-il se permettre cette pratique ? Il a dit qu’il n’avait aucune base légale, et qu’il voulait juste faire fonctionner l’établissement. C’est cette réponse qui m’a poussé à prendre cette décision. Puisqu’il a agi sans tenir compte des dispositions légales. A titre conservatoire, j’ai relevé le directeur et son personnel immédiat de leurs fonctions.

Jouractu. Pourquoi cette sanction touche-t-elle également les autres collaborateurs du directeur ?

-Parce que je vais d’un principe simple, que le chef peut se tromper. Mais, ses collaborateurs les plus proches peuvent l’amener à voir clair. Ce sont ces collaborateurs qui prélevaient de l’argent quand le directeur était absent des lieux. Pour mettre un terme à cette pratique, j’ai donc été obligé de prendre un enseignant chargé de cours pour lui demander d’assurer l’intérim en attendant que cette situation soit clarifiée.

Jouractu. Et pour conclure ?

-La tribune m’est offerte pour rappeler aux uns et aux autres leur devoir vis-à-vis de la nation. Lorsque vous avez été nommés à un poste de responsabilité, les textes vous permettent de faire certaines choses, et les textes vous empêchent d’en faire d’autres. Lorsque les hautes autorités de la République prennent des dispositions statutaires, nous qui sommes des agents d’exécution qui sommes-nous pour ne pas appliquer ces décisions et dispositions qui sont voulues par les hautes autorités de la République pour lesquelles nous travaillons ? Parce que nous ne faisons pas ce que nous voulons faire, mais nous travaillons en fonction des orientations qui nous sont données par la tutelle. C’est pour rappeler aux autres chefs d’établissements que nous n’avons jamais fait la guerre aux sorciers, mais estimons que lorsque les parents d’élèves se plaignent, vous devez vous mettre aussi à leurs places, parce que vous êtes aussi et avant tout, parents d’élèves. Et, comprenez que lorsque le chef de l’Etat veut alléger les difficultés des parents d’élèves, il ne vous revient pas de corser ou de compliquer un peu plus la vie de ces parents d’élèves (…). C’est pour dire que le travail que nous faisons, doit se faire avec professionnalisme. Nous avons toutes les lois qui nous permettent de fonctionner comme cela se doit. Mais, quand les situations sont flagrantes comme celle que nous venons de vivre, nous sommes obligés d’utiliser la méthode forte pour que ce cas fasse école et pour que les uns et les autres puissent revenir à de meilleurs sentiments.

Propos recueillis par la Rédaction

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